L’entreprise fantôme : révélez la face cachée de votre organisation & libérez son potentiel
- Adrien Menant
- 8 oct.
- 4 min de lecture
Et si, derrière chaque entreprise performante, se cachait une autre… invisible, silencieuse, mais terriblement coûteuse ?
Parlons de cette présence que tout dirigeant ressent sans toujours la nommer :
l’entreprise fantôme.
Celle qui ne fabrique rien, ne sert aucun client, mais mobilise pourtant une partie considérable de votre énergie collective.

Dans un contexte économique tendu, inflation persistante, tensions sur les recrutements, pression accrue sur les marges, nombre d’entreprises françaises vivent sous le règne du “faire plus avec moins”.
Et souvent, pour compenser les manques ou les dysfonctionnements, elles développent une seconde entreprise, souterraine, faite de corrections, de contournements et de réparations.
Cette “entreprise fantôme” se manifeste dans :
les retravaux,
les doubles vérifications,
les réunions sans décision,
ou encore ces reportings créés pour surveiller d’autres reportings.
Autant d’activités qui rassurent… mais ne créent aucune valeur.
Le Lean Manufacturing, dans son essence la plus pure, cherche justement à rendre visibles ces zones d’ombre.
Non pas pour sanctionner, mais pour révéler les gaspillages et redonner du sens à l’action collective.
Les signes de l’entreprise fantôme
Si vos collaborateurs passent plus de temps à “réparer” qu’à produire, votre organisation est sans doute déjà hantée.
Les études de France Qualité estiment que les coûts cachés des non-qualités représentent entre 10 et 20 % du chiffre d’affaires dans l’industrie française.
Un chiffre confirmé par la Dares, qui souligne l’impact croissant des désorganisations internes sur la productivité des équipes.
L’entreprise fantôme, ce sont aussi ces processus qui se multiplient pour “sécuriser”, mais qui finissent par ralentir la prise de décision.
Comme le disait Michel Berry (École des Mines de Paris),
“plus on cherche à contrôler les erreurs, plus on produit de la bureaucratie réparatrice”.
Et à force de corriger sans comprendre, le fantôme prend le pouvoir.
Comprendre la logique du fantôme
L’entreprise fantôme prospère sur une croyance bien ancrée :
“corriger, c’est agir”.
Mais en réalité, corriger sans apprendre, c’est entretenir l’illusion du progrès.
Chaque erreur corrigée dans l’urgence crée une nouvelle règle, un nouveau contrôle, un nouveau fichier Excel.
Le Lean nous invite à changer de posture : passer du réflexe correctif au réflexe analytique.
Comme le rappelait Joseph Juran, pionnier de la qualité,
“85 % des problèmes viennent du système, non des personnes”.
Autrement dit, les collaborateurs ne sont pas la cause du fantôme ; ils en sont souvent les premières victimes.
Et c’est ici que la perception collective devient un levier essentiel : quand chacun commence à voir les mêmes dysfonctionnements, sans peur ni jugement, alors l’entreprise retrouve sa lucidité.
Révélez le fantôme grâce aux outils Lean
Pour exorciser cette part cachée, il faut d’abord la cartographier.
Le Value Stream Mapping (VSM) est un outil précieux pour visualiser les flux réels, les temps morts, les reprises, les allers-retours.
En comparant la valeur perçue par le client à la valeur créée dans le processus, l’entreprise découvre souvent que près de 60 à 70 % du temps passé ne crée pas de valeur directe.
L’Obeya, autre pilier du Lean, transforme cette découverte en dialogue : les équipes se réunissent autour d’un même visuel, voient les problèmes ensemble, et surtout… cherchent ensemble.
C’est là que la perception collective devient un outil de pilotage.
Car ce que l’on voit ensemble, on peut le résoudre ensemble.
Le Lean Institut France parle d’ailleurs de “voir ensemble pour apprendre ensemble” — une approche où la performance émerge du partage de sens, non de la contrainte.
Le fantôme vous guide
L’objectif n’est pas d’éliminer à tout prix les erreurs, mais d’en faire des sources d’apprentissage collectif.
En impliquant les équipes dans les analyses causes-racines (méthode des 5 Pourquoi, diagramme d’Ishikawa, Kaizen), on transforme l’énergie dépensée à réparer en énergie consacrée à comprendre.
Le bien-être et la performance ne sont pas opposés : ils se renforcent mutuellement quand le collectif retrouve du sens.
Moins d’irritants, plus d’autonomie, plus de clarté : la vitalité revient.
Et avec elle, une performance réellement vivante.
Exorcisez le fantôme, révélez le vivant
Chaque entreprise abrite une part fantôme, ces zones de non-valeur, de non-sens, d’effort inutile.
Mais en les observant avec bienveillance et méthode, en osant voir ensemble ce qui freine, on rétablit une circulation saine de l’énergie et de la performance.
Le Lean humanisé n’est pas une chasse aux sorcières ; c’est une quête de lucidité collective.
Car comme pour toute peur, c’est en allumant la lumière qu’on découvre qu’il n’y avait jamais de monstre…Juste un système mal compris, prêt à évoluer.
“Ce que l’on nomme fantôme n’est souvent qu’une partie de soi qu’on n’a pas encore regardée.”
Et si, cet automne, vous commenciez à regarder le vôtre ?
Je suis Adrien Menant, passionné par l’amélioration continue depuis plus de 10 ans.
Mon parcours m’a conduit au sein de grands groupes tels que SEB, Bel, Agromousquetaire et Refresco.
Autant d’univers différents – industrie, agroalimentaire, biens de consommation – où j’ai pu observer et contribuer à des démarches d’excellence opérationnelle capables de soutenir des performances élevées sur le long terme.
Ce blog est né de cette passion : partager des méthodes, outils et retours d’expérience qui, au-delà des chiffres, contribuent aussi à l’engagement et au bien-être au travail.
Vous y trouverez mes propres découvertes ainsi que celles de pairs et experts rencontrés au fil de mes missions.
Si ces sujets vous intéressent et que vous souhaitez échanger idées, pratiques ou retours terrain, je serai heureux de poursuivre la conversation avec vous.

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